Récolte la tempête/ Jean Albert Mazaud


Ouverture - La scène se passe dans un village en guerre où des mercenaires commettent des exactions contre les villageois et notamment contre les femmes. Devant ce spectacle se tient Ijaz, enrôlé de force dans cette armée. Jeune, trop jeune d'ailleurs, il perd pied lorsqu'il se retrouve face à cette femme qui pourrait être sa mère et décide, sur un coup de tête, de s'enfuir loin de cette barbarie en emmenant avec lui sa victime.
Après des jours d'errance dans les montagnes, les deux compagnons d'infortune se retrouvent devant les portes d'une ancienne forteresse, devenue le temps de la guerre, le refuge d'orphelins et de femmes brisés par cette guerre innommable.
Refusant au début l'entrée de cette arche à Ilaz, Neige, la responsable, elle-même défigurée, change d'avis et lui offre l'hospitalité.
Entre hiver et printemps, le lecteur assistera à la lente reconstruction de ce jeune garçon, brisé par la violence emmagasinée dans son corps. Devenant l'homme à tout faire de la communauté, Ijaz réparera outils et ustensiles mais blessé au plus profond de lui-même, il lui faudra du temps et toute l'attention silencieuse de Neige pour qu'il retrouve la paix.
Le roman se finit sur une note optimiste renforcée par le renouveau du printemps.

Le lecteur sera peut-être rebuté par l'aridité du sujet et sera peut-être tenté d'arrêter la lecture après le premier chapitre mais il faut absolument persévérer.
En effet, le style et le tempo de l'écriture permettent d'alléger la dramaturgie du récit. Un des grands atouts du récit est d'avoir fait coïncider les actions des protagonistes avec les changements de saisons. Cela correspond également à l'état d'esprit d'Ijaz.
De même, les autres réfugiés du dispensaire ne sont jamais oubliés dans le récit ; apparaissant toujours dans l'ombre d'Ijaz et Neige, ils apportent cependant une force vive dans le déroulement de l'action car ils sont un soutien essentiel dans la reconstruction du jeune garçon.

Le lecteur ne saura pas si Ijaz pourra à nouveau rire et rêver mais un espoir est né.
Un très beau texte poignant à lire et à relire et dont vous ne ressortirez pas indemne.

Un autre avis ici, chez Clarabel


Sur la guerre et les réfugiés, vous pouvez également lire :
- Anne Laure Bondoux / Le temps des miracles
- Hubert Haddad / Opium poppy (pour adultes uniquement)
- Bea Deru-Renard / Toute seule loin de Samarcande
- Khaled Hosseini / Mille soleils splendides



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