Moteur ! ou les salles obscures en vedette

Fin 2011, les cinéphiles ont pu voir deux films, tournés selon des procédés très différents, mais qui, au final, sont des hommages à l'histoire du cinéma, à ses grands créateurs et à ses artistes.


Travelling arrière...

- The Artist de Michel Hazavanicius est le premier sorti sur nos écrans. Qui aurait crû qu'un film muet, en noir et blanc puisse avoir un tel succès et jouer dans la cour des grands au moment de l’avènement de la 3D ? C'était donc un pari fou de la part du réalisateur mais qui a porté ses fruits. Prenant à contre courant les avancées technologiques du 7ème art, le spectateur est plongé avec bonheur et nostalgie dans un des tournants de cette industrie : les années 30 et la projection du premier film parlant "Le chanteur de jazz".
A partir de ce moment là, les studios rechercheront des comédiens, des voix et les  métiers de scénariste et d'ingénieur du son vont se développer. Malheureusement, c'est aussi à cette époque que de grands acteurs de muets vont disparaître peu à peu, victimes du parlant. Harold Llyod, Lilian Gish, Laurel &Hardy vont être sacrifiés sur l'autel du progrès.
Je vois "The Artist" comme un immense clin d’œil de Michel Hazavanicius à ces années-là. Notons les similitudes qui existent entre le couple Valentin/ Miller (Dujardin/Bejo) et celui de la comédie musicale "Chantons sous la pluie" Lockwood/Selden (Kelly/Reynolds). De même, on peut reconnaître dans la filmographie fictive de Georges Valentin des ressemblances avec celle de Douglas Fairbanks, ou Errol Flynn.

 


- "Hugo Cabret" a suivi ensuite sur nos écrans. Tiré du roman éponyme de Brian Selznick, il est filmé avec la dernière évolution technologique par Martin Scorcese. Il évoque cependant un des réalisateurs majeurs du début du 20ème siècle, Georges Méliès.
Une lumière particulière anime le plateau dans des tons d'ors et de jaunes qui, pour ma part, me font penser un peu au technicolor d'avant (en beaucoup plus joli cela dit...)
L'histoire qui nous est racontée est celle du jeune Hugo Cabret, orphelin vivant dans une gare, qui découvre par hasard l'existence de Georges Méliès. Ce dernier, après avoir vécu la gloire à travers ses films au début du 20ème siècle notamment grâce à ses effets spéciaux, est tombé dans l'oubli à cause de la 1ère guerre mondiale et s'occupe d'un magasin de jouets mécaniques dans le hall d'une gare. Mais, grâce à la pugnacité d'Hugo Cabret et de sa jeune amie (qui est aussi la petite nièce du réalisateur), ils permettront à ce personnage de sortir de l'ombre.
Là encore, les pionniers du cinéma sont à l'honneur et pas n'importe lesquels puisqu'il s'agit de l'histoire de la vie d'un des plus grands réalisateurs et inventeurs du début du 20ème siècle. Distillés avec beaucoup d'habileté tant dans le roman que dans le film, les événements majeurs qui jalonnent l'invention du cinéma donnent des clés de lecture et de compréhension aux spectateurs que nous sommes. Écrivain et réalisateur ont également émaillé ici ou là des références aux vieux films muets : notamment la scène où Hugo Cabret, pour échapper au policier sort dans le froid et se cramponne à l'horloge (scène que l'on retrouve dans Safety Last d'Harold Llyod) ou encore lorsqu'il rêve que la locomotive fonce sur lui (Arrivée en gare de La Ciotat par les Frères Lumière).

 

Grâce à ces deux films, on replonge avec délectation dans les prémisses du 7ème art. En sachant que c'est grâce à ces pionniers visionnaires qu'aujourd'hui nous pouvons aller voir des films à effets spéciaux, ou en 3D, je ne les trouve que plus réussis. Alors, n'hésitez pas ! précipitez vous dans les salles obscures !

Et pour les mordus, vient de sortir grâce  au travail de restauration de Lobster Films, Groupama Gan Foundation for Cinema et la Fondation Technicolor pour le Patrimoine du Cinéma la version  restaurée colorisée du voyage dans la lune de Méliès.

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