Prix Marguerite Audoux 2014- La rencontre

Durant quelques mois, des élèves de 4e/3e du club de lecture du collège, la documentaliste, le professeur de français et moi-même avons partagé l'aventure du Prix Marguerite Audoux, initié par La Ligue de l'Enseignement.

7 romans étaient en lice.


Le prix 2014 revient à "La fille seule dans le vestiaire des garçons" de Hubert Ben Kemoun.



Pour conclure cette année, nous nous sommes tous retrouvés au collège Claude Debussy en compagnie de la classe de 5e participante elle aussi à l'aventure pour rencontrer Charlotte Erlih, auteure de Bacha Posh.

Pendant une heure, les élèves ont pu échanger avec elle leurs impressions de lecture, lui poser des questions sur l'écriture et les choix qu'elle a fait dans le déroulement du roman.

A la question de savoir quel message voulait-elle faire passer en écrivant ce roman, Charlotte Erlih a répondu par une citation d'Hemingway : "[les écrivaine]ne sont pas des facteurs".
Pour elle, la fiction doit se nourrir du réel pour exister : les personnages du roman sont fictifs mais les situations vécues par Farrukhzad concernent des milliers de jeunes filles en Afghanistan. D'ailleurs, la réalisatrice Stéphanie Lebrun leur a consacré un documentaire " Kaboul, tu seras un garçon ma fille". Même si l'auteure ne l'a visionné qu'en fin d'écriture, la confrontation de son récit avec la réalité l'a conforté dans ses choix.

Pour écrire ce roman, il a fallu à l'auteure près d'un an de travail dont 3 à 4 mois de documentation sur l'Afghanistan, où elle n'a jamais mis les pieds et sur le monde de l'aviron, qui a une importance primordiale pour l'histoire. Au contraire d'un film, l'écriture romanesque grâce à ses artifices permet de créer une atmosphère et d'intérioriser la voix de l'héroïne lorsque celle-ci se retrouve brutalement dans son statut de fille.

La figure du père de Farrukhzad a suscité également beaucoup de discussions : pourquoi cautionne t-il le système patriarcal alors qu'il a étudié dans les pays occidentaux ? pourquoi se détourne t-il brutalement de Farrukhzad alors qu'il lui a laissé entrevoir la liberté ? Car le père est aussi victime de son mensonge. Au moment où la situation devient trop délicate, où sa fille peut mettre en danger sa famille, le père se referme comme une coquille d'huitre. Charlotte Erlih voulait montrer toute  l’ambiguïté des adultes par rapport à leurs discours.




Les questionnements des élèves étaient également vifs sur la fin du roman. Frustrés par la fin ouverte, l'auteure ne s'en est pas émue pour autant, et a redit tout l'intérêt de celle-ci : les lecteurs ont en main tous les éléments pour se forger une opinion et choisir la fin ou la suite des aventures de Farrukhzad. D'ailleurs, lors d'une rencontre précédente, Charlotte Erlih a été très émue par la fin alternative qu'avait écrit une élève.
La fin n'est que le début pour Farrukhzad.





Nous avons terminé la rencontre par la présentation du prochain roman de Charlotte Erlih, 20 pieds sous terre, un thriller qui se passe dans le milieu des tagueurs parisiens.




Pour poursuivre la rencontre, et sur le même thème, vous pouvez également lire : Parvana, une enfance Afghane de Deboreah Ellis ou voir le film Wadgja deHaifaa Al Mansour

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